A l’ombre du faste des célébrations du 70èmeanniversaire de la république de Chine se cache une réalité beaucoup moins reluisante. Depuis au moins 3 ans le pouvoir mène une politique d’effacement à l’encontre d’une partie de sa propre population. Les minorités musulmanes et turcophones, Ouïghours, Kazakhs et Kirghizes, de la province du Xinjiang sont les victimes d’une campagne forcée d’assimilation extrêmement violente.
Sous couvert de lutte contre l’islamisme, plus d’un million de personnes – environ 10 % de la population musulmane– sont emprisonnées. La Chine a dans un premier temps nié farouchement l’existence de camps de détention. Face à l’accumulation de preuves et aux témoignages de familles de détenus, le pays du soleil levant a été obligé de reconnaitre l’existence de « centres de formation ». D’après le régime, les habitants s’y rendraient volontairement pour apprendre et assimiler les valeurs du pays. Derrière cette image lisse se dessine tout un système d’ethnocide dont l’objectif est de faire disparaitre purement et simplement l’identité et la culture des minorités musulmanes.
Une population sous surveillance
Les habitants du Xinjiang sont surveillés via des postes de contrôles de plus en plus nombreux ou des caméras de vidéosurveillances implantées dans les lieux publics et les mosquées notamment. La technologie est un outil central au service de la répression : reconnaissance faciale, localisation géographique via les téléphones, analyseur de wifi et récolte de données bancaires sont devenus monnaie courante. Sous étroite surveillance, chacun peut être perquisitionné et/ou arrêté lorsqu’un « comportement suspect » est constaté. Dire « salam aleykoum », porter la barbe, ne pas boire ou prier font partie de ces comportements jugés dangereux par le parti.
La Chine prête à tout pour détruire la culture Ouïghour
En février dernier déjà, le New-York Times révélait l’existence d’une base de données de la population Ouïghours. Sous couvert de bilan de santé proposé gratuitement à la population, le régime récoltait les empreintes digitales et les scanners rétiniens par exemple. A cette même époque l’ONG GDI.foundation,spécialisée dans la sécurité sur le web, faisait état d’une autre base de données, qui, cette fois permet de suivre à la trace les ouïghours via les coordonnées GPS de tous les lieux qu’ils fréquentent. Ces informations sont mises en corrélation avec leurs informations personnelles (carte d’identité, date de naissance…).
Pour détruire l’identité Ouïghour, le régime use de stratagèmes plus révoltants les uns que les autres. Les témoignages d’anciens détenus désormais exilés ou des familles de prisonniers permettent d’en avoir un aperçu : Détention arbitraire et maltraitance des hommes, destruction des cimetières et stérilisation forcée des femmes. Les enfants sont aussi les victimes d’une campagne d’acculturation. Ils sont placés dans des internats, endoctrinés pour devenir de parfaits communistes dévoués à leur patrie. Certains y vivent 7 jours sur 7 sans contact avec leurs familles.
Une scène internationale silencieuse
Si les médias étrangers, particulièrement la presse écrite, dénoncent régulièrement le traitement infligé aux minorités musulmanes, la réponse diplomatique reste insuffisante. Au regard des exactions en cours dans la région, le mutisme de la quasi-totalité des pays musulmans et les timides rappels à l’ordre des grandes puissances ne sont pas à la hauteur. Seuls deux pays se sont très clairement exprimés sur la question. Par la voix d’Hami Aksoy porte-parole du ministère des affaires étrangères la Turquie a qualifié de « honte pour l’humanité » la politique chinoise à l’égard des Ouïghours. Plus récemment, dans un contexte de guerre commerciale avec la Chine, Les Etats-Unis ont utilisé le prétexte des Ouïghours pour infliger des sanctions économiques supplémentaires à Pékin.