La lecture est une belle activité à partager avec les enfants qu’ils soient lecteurs ou non. C’est l’occasion de plonger dans un autre univers et de s’identifier au(x) personnage(s) de l’histoire. C’est justement là que le bât blesse… Pourquoi certains enfants ne trouvent aucun personnage qui leur ressemble dans les histoires et contes qui leurs plaisent tant ? C’est cette question de la représentation, du manque de diversité dans la littérature jeunesse qui a poussé Diariatou Kebe à fonder, en 2016, l’association DIVEKA.
« Lorsque mon fils est né je cherchais des livres à lui lire. J’ai constaté qu’il n’y avait pas ou très peu d’offres avec des personnages « racisés ». Je suis tombée sur des livres qui abordaient le racisme surtout du point de vue de l’enfant qui est raciste et qui à la fin ne l’est plus. Mais jamais écrit du point de vue de l’enfant qui subit le racisme, la façon dont il vit avec et comment ça l’affecte. »
L’université du Wisconsin aux Etats-Unis mène une étude annuelle sur les origines des personnages dans les livres pour enfants. En 2018 50% des personnages étaient blancs. Toutes les minorités cumulées sont moins présentes dans les livres que les robots ou les ours en peluche. Même si les écarts de représentation restent flagrants, Il faut tout de même noter des progrès en terme de diversité. Selon la même étude, en 2015 , plus de 73% des personnages étaient blancs et ce taux d’élevait même à 92% en 2012 !
Les USA sont en général en avance sur la France, on peut donc espérer suivre cette tendance à moindre échelle. L’état des lieux et les progrès des publications françaises sont difficilement mesurable dans un pays où les statistiques ethniques sont interdites. On reste à tort ou à raison encore trop frileux quand il s’agit de manipuler ce type de données.
Une offre existante mais trop peu mise en avant
En France, les personnages principaux des livres pour enfants sont majoritairement de type caucasien. Pour autant cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas d’ouvrages avec d’autres types de héros, comme nous le rappelle Diariatou Kebe dont l’association promeut et valorise la littérature jeunesse, les séries TV, les films et toutes les oeuvres culturelles à destination du jeune public, faisant la part belle à la diversité, quelle qu’elle soit.
« Il y a quand même des circuits où il y a de la représentation notamment pour les enfants afro-descendants. Toutefois la production reste minime, imparfaite et surtout auto-édité ce qui complexifie les choses »
Dans la même veine, le blog Mistikrak fait un magnifique travail sur le recensement d’oeuvres jeunesse qui mettent en scène au moins un personnage noir ou métissé.
Des personnages non stéréotypés
Force est de constater que bon nombre de personnages issus de la diversité sont évoqués dans les livres sous un angle « exotique », folklorique ou via la question des discriminations. Or il est primordial que des livres mettent en scène des enfants non blancs sans forcément traiter du racisme. De même, qu’il est important d’avoir des livres avec des enfants en situation de handicap qui ne se focalisent pas systématiquement sur le dit handicap.
« La diversité c’est challenger les stéréotypes notamment, les casser souvent. Pour les enfants, tous les enfants, pas seulement ceux qui sont racisés, la diversité c’est le reflet du monde dans lequel ils sont aujourd’hui. Comment peut-on encore de nos jours prétendre sortir des livres sans représenter la réalité telle qu’elle est ? »
Notre sélection coup de coeur
On vous partage ici une sélection d’ouvrages qui ont été apprécié par la rédaction. Dans certains, le personnage principal est « racisé » sans que cela ai la moindre incidence sur le récit et c’est tant mieux ! D’autres encore, permettent d’évoquer les questions de tolérance, d’ouverture ou de la peur d’autrui. Un livre peut donc aussi être un support permettant d’aborder certains sujets avec l’enfant et susciter les échanges. Diariatou Kebe livre ( sans jeu de mot !), un dernier conseil dont les parents pourraient tirer profit.
« Lisez vous-même les livres AVANT de les lire aux enfants ! Il ne s’agit pas de censurer les livres mais d’être prêt à commencer une discussion franche et sincère quand on tombe sur du racisme, de la xénophobie, du sexisme ou autre ! »
La petite histoire : Un petit garçon dessine un trait à la craie pour délimiter son chez-lui. Il surveille sa frontière pour que personne ne la dépasse. Oui mais voilà, la nature n’a que faire de cette ligne : escargot, nuage et branche d’arbre pénètrent son territoire à son grand désarroi. Lorsqu’un petit garçon s’approche et fait demi-tour en voyant la ligne, notre jeune héros s’empresse de l’effacer pour se faire un ami…
La petite histoire : Joe est un petit garçon aux lunettes bleu. Il vit dans un monde urbain gris, bruyant et triste. Il va transformer cet univers morne en un endroit extraordinaire et coloré grâce à un arbre qu’il souhaite planter. Une petite leçon sur l’importance de la nature dans notre quotidien.
La petite histoire : Une petite tribu de boutons rouges vit tranquillement lorsqu’un bouton bleu arrive. On est d’abord inquiet devant cet étranger alors on le parque dans un coin et les boutons bleus se multiplient. Les boutons rouges s’habituent aux bleus et les deux couleurs de boutons finissent par cohabiter. C’est à ce moment qu’un nouveau bouton, différent, arrive…
La petite histoire : Neïba 9 ans est une petite boule d’énergie. Drôle et curieuse, elle nous embarque dans son univers. Lorsqu’elle découvre un secret un peu embarrassant sur son frère, elle promet de tenir sa langue. Ce roman jeunesse met en scène une jeune afro descendante qui porte fièrement ses cheveux en afro. On est loin de la représentation classique de la petite fille blonde aux joues rouge et qu’est-ce que ça fait du bien ! Pour avoir un avant gout de l’histoire de cette chipie attachante c’est par là
La petite histoire : Dans ce roman jeunesse délicatement illustré, on passe la journée avec Safiya. Cette petite fille musulmane accueille chaque vendredi comme une fête. Tout au long du livre, on évoque, les bonnes habitudes et les réflexes à avoir en cette journée si particulière. On s’attache rapidement à Safiya et à toute sa petite famille ( sans oublier siwak, le chat !). Ce livre est à la fois récréatif et pédagogique dans la mesure où il permet aussi d’appréhender tout en douceur plusieurs points religieux.