Je suis mariée et maman d’un petit garçon d’un an et demi. Notre famille vit au Sénégal depuis un peu plus d’un an maintenant. Je partage avec vous ici mon expérience d’expatriée à Dakar.
En France, le climat ambiant se détériore pour la communauté musulmane. Stigmatisation dans les médias, discrimination et islamophobie sont malheureusement devenus monnaie courante. C’est la raison principale pour laquelle nous avons décidé de changer de pays. Nous souhaitions nous installer dans un pays musulman pour vivre en conformité avec notre foi sans contraintes.
L’installation
Nous avons choisi le Sénégal car c’est le pays dont je suis originaire. Je connaissais donc déjà le pays pour m’y être rendue plusieurs fois : nous ne partions donc pas complétement en terre inconnue. Pour affiner notre projet de départ nous nous sommes rendu en famille au Sénégal un an avant notre installation. Nous y avons séjourné deux mois pour que mon époux, qui ne connaissait pas l’Afrique noire, puisse découvrir le pays. Nous avons également fait du repérage en visitant différentes villes pour sélectionner celle dans laquelle nous allions déménager. Afin de nous installer dans les meilleures conditions possibles, nous avions économisé la somme de 10 000 € en prévision de nos dépenses à venir ( déménagement, premières charges, achat d’une voiture etc…)
Nous avons finalement posé nos valises dans un F3 à Dakar, la capitale. Au Sénégal, il n’est pas si compliqué de trouver un logement. Il y a plusieurs méthodes. Soit on fait part de ses critères de recherche à un coursier qui nous fera visiter les logements correspondant. Soit on s’adresse aux gardiens présents en pied d’immeubles : ils fournissent les clés des appartements libres pour qu’on puisse effectuer des visites.
Lorsqu’on a fait son choix, les garanties demandées par les propriétaires sont classiques : Caution, loyers d’avance etc… En ce qui concerne le déménagement, pour faire venir ses meubles depuis la France, la solution la plus simple reste de passer par un transitaire. Il faut par contre compter un bon mois d’attente.
Un temps d’adaptation
Qui dit changement de pays dit adaptation aux mœurs locales ! Le Sénégal est différent de la France sur de nombreux points. C’est parfois positifs et ça l’est parfois un peu moins.
La France est par exemple connue pour être un pays très administratifs au point que ça en devient parfois agaçant. Mais quand on entreprend une démarche, elle aboutit généralement. Au Sénégal, certains services administratifs frôlent parfois l’incompétence et ça devient très vite frustrant. L’un des autres aspects auquel il faut s’adapter c’est clairement la conduite ! Il faut garder la tête et le sang froid sur certaines routes dakaroises…
A l’inverse, il y a des différences notables avec la France qui font chaud au cœur. Les gens sont accueillants et très ouverts. Quand on a besoin d’aide ou d’un service on trouvera tout le temps quelqu’un pour nous aider de bon cœur, même un inconnu dans la rue.
Idem quand on cherche un emploi, les grands directeurs sont très accessibles, on peut directement entrer en contact avec eux alors que c’est beaucoup plus compliqué en occident ! Enfin, le voisinage est comme une petite famille, les voisins prennent des nouvelles, apportent des plats et sont présents en cas de besoin. C’est très appréciable même si parfois certains peuvent se montrer un tantinet envahissant !
Le quotidien
Côté professionnel, avec mon époux, nous avons décidé de monter notre propre affaire en lançant une société dans la construction de cuisines sur-mesure. Les démarches sont assez simples pour créer une entreprise surtout lorsqu’on est auto-entrepreneur. D’ailleurs le Sénégal offre énormément de possibilités pour ceux qui veulent entreprendre. Il y a du potentiel sur divers secteurs et le marché n’est pas (encore) saturé.
Côté Santé, il y a beaucoup de pharmacies et cliniques à Dakar. Cela nous a d’ailleurs étonné en arrivant. Nous avions prévu des stocks de médicaments au cas où mais ce n’était pas si nécessaire en fin de compte. On arrive à trouver facilement les mêmes médicament qu’en France ou leur équivalent. Au niveau de la pédiatrie, il y a des spécialistes de bonne renommée qui peuvent assurer le suivi des enfants. Personnellement, à la lumière de mon expérience je déconseille les hôpitaux publics si on peut les éviter. Mais chacun fait bien-sur selon ses possibilités.
Pour nos achats , comme dans beaucoup de pays d’Afrique, les marchés restent la référence pour se procurer des produits frais et de première nécessité. Il y a également des supermarchés dans lesquels je me rends pour faire mes courses comme Auchan et Casino par exemple.
En ce qui concerne nos loisirs, nous aimons aller manger au restaurant : il y en a vraiment pour tous les goûts ! Nous apprécions aussi beaucoup les balades à la plage ou au parc. Ce qui est dommage c’est que les espaces de jeux pour les enfants sont assez rares …
L’aspect religieux
Au quotidien c’est très agréable de faire une chose aussi simple que de se passer le salam. Ça crée un sentiment d’appartenance et de fraternité si essentiel dans notre religion. Au Sénégal, comme dans tous les pays musulmans, il y a des mosquées dans chaque quartier alhamdouliLlah ! L’appel à la prière résonne au cours de la journée et il n’est pas rare de voir des personnes s’arrêter pour prier, même en pleine rue : policiers, gardiens, commerçants…
Plusieurs fois dans l’année, les fêtes islamiques sont célébrées au niveau national et sont donc de grands évènements dans la société.
Mon retour d’expérience
Si je devais donner un conseil à quelqu’un qui souhaiterait s’installer au Sénégal, ce serait de venir en repérage. Venir en vacances dans un pays ce n’est pas la même chose que d’y vivre. J’invite donc les personnes à venir quelques semaines avec un état d’esprit axé sur l’installation. Cela permettra de voir les choses différemment et de déterminer quels sont vos points d’exigences et ceux sur lequel vous pouvez plus ou moins patienter.
Les points positifs :
- Il est assez facile d’organiser son installation dans le pays tant au niveau de la recherche d’un logement que de l’aménagement
- La population est très accueillante ce qui est réellement un plus quand on arrive dans un pays étranger. C’est rassurant et agréable
- Bien entendu, le but ultime de la hijra est de pouvoir vivre sa religion dans de meilleures conditions.Le Sénégal est un pays qui le permet tout à fait.
Les points négatifs :
- Les forces de l’ordre ne sont pas forcément exemplaires… La corruption des policiers vire au sport national tellement c’est devenu courant et « normal » de devoir soudoyer un agent pour avoir la paix.
- Dans la même veine, certaines personnes n’agissent pas de manière désintéressée et peuvent avoir un idée derrière la tête quand elles vous interpellent. Sans être parano il faut savoir rester prudent !
- Le sectarisme religieux au Sénégal est une réalité qu’il faut prendre en compte. Les confréries religieuses y sont installées depuis des dizaines et des dizaines d’années. Elles ont donc une réelle place dans la société. A chacun donc de faire la part des choses et de préserver sa religion.
barrak allah fik pour le partage, le Sénégal est le pays de la teranga. C’est toujours intéressant de lire des témoignages de hijra en Afrique noire.
Wa fik al baraka ! Oui c’est vrai que les témoignages de Hijra en Afrique noire manquent un peu… c’est pour ça qu’on essayera de vous en proposer régulièrement sur Youma. Il y a aussi un témoignage sur la Hijra au Mali qui est disponible sur le site : https://www.youmagazine.fr/2020/05/18/ma-hijra-au-mali/
Assalamu alaykum, baaraka Llahu fiiki pour cette aide!
Serait-il possible d’être en contact avec la sœur ?
Wa aleykoum salam, wa fik al baraka ! Il est possible de contacter cette soeur via son compte Instagram @ma_vie_a_dakar